RP HYPOTHETIQUE - ONE SHOT N°1

En dehors du crépitement des flammes et du fracas des vagues au loin qui s'écrasaient sur les rochers, la maisonnée paraissait plongée dans l'obscurité et le mutisme le plus totale. Pourtant et ce malgré l'heure avancée de la nuit, Caleb restait assis sur le canapé à regarder dans le vide. Plusieurs fois, il s'était levé et avait entamé la montée des escaliers qui menaient à votre chambre mais était revenu sur ses pas. Avait fait le tour de la pièce. S'était servi un énième verre de vin sans le savourer. Puis s'était affalé sur le canapé, tenant son verre en équilibre au bout de son bras tendu, jeté nonchalamment au dessus du canapé. Cela faisait plus d'une semaine qu'il devait agir et ses tentatives furent aussi concluantes que celles de rejoindre leur couche. Chaque secondes, chaque minutes, chaque heures et chaque jours d'hésitations passés rendaient la sentence à chaque fois un peu plus douloureuse à exécuter. Et maintenant qu'il était acculé, il n'avait plus d'autre choix que d'agir dans la précipitation … comme s'il eu été plus correcte d'agir vite.

Aussi ne fut t'il pas surpris de voir Pearl apparaître au milieu de son salon. Il ne releva même pas la tête vers elle, il savait pourquoi elle était là. Elle jeta un coup d'oeil inquiet à l'extérieur. Comme si elle craignait que quelqu'un ou quelque chose soit arrivé avant elle :

« Tu devrais déjà - » « Je sais » coupa t'il en se relevant, lui filant son fond de verre « j'aimerais t'y voir »

Il gravis lentement les escaliers, pénétra dans votre chambre tout aussi discrètement, vint s'asseoir de ton côté du lit. Lorsque tu sentis sa présence et que tu te réveilla, Caleb se pencha vers toi et posa son front contre ton épaule nue, Il aurait pu faire tout ça vite, sans croiser ton regard ...

« Shana » dit il avoir une voix faible « Il y a quelque chose que je dois te dire … »

Lorsque tu tenta de te redresser dans le lit, il mis un doigt sur ta bouche entrouverte. Il savait que tu le questionnerais. Mais il ne voulais pas que tu troubles ses explications. Il voulait faire vite, espérait que tu n'aurais pas le mot qui lui ferait regretter sa décision :

« écoutes moi jusqu'au bout » et il mentit : « promis, après je viens m'endormir près de toi » tandis qu'il te tenait  un peu trop fermement le visage d'une main et plongeait son regard gris et troublé dans le tient. Tu sentis rapidement que quelque chose n'allait pas. Son soudain élan d'affection. Son haleine chargée d'alcool. Ses yeux rouges. Le tremblement nerveux de ses mains comme lorsqu'il se mettait en colère. Sans oublier qu'il portait encore sa chemise et son pantalon à pince alors que vous étiez en plein milieu de la nuit. Il mentait. Il n'aurait sans doute pas l'intention de te rejoindre du tout. Ni ce soir, ni demain d'ailleurs …

Tu froissas les sourcils à la vue de sa baguette et te débâtit lorsqu'il cala son coude derrière toi pour t'empêcher de te hisser vers son côté du lit, appuya son flanc contre tes hanches pour t'acculer contre le matelas « écoutes moi, s'il te plaît » dit il d'un ton pressant et suppliant. Et tu n'avais plus le choix à vrai dire ... Ne me rend pas la tâche plus difficile. S'il te plaît. Maintenant que tu ne pouvais te défiler, il éleva sa baguette au dessus toi. Elle émis un large halo de lumière turquoise. Comme le feu rassurant dans l'âtre. Comme la lune au milieu de la nuit terrifiante. Les muscles de ton corps se détendirent. La voix grave de Caleb te paru soudainement très lointaine, même si tu luttais en l'agrippant de crainte qu'il ne s'éloigne :

« Shana Lindley » tu l'entendis dire dans un écho de voix « tu es née dans le Nord-Est du Kent » quoi ? Tu fit un non désespéré de la tête. Ton nom de famille est Fitzgerald ! Tu es née en Suède ! Mais Caleb continua, la voix rauque. Il avait du mal à continuer. Il avait préparé et répété chaque mots, uns à uns. Et pourtant, une douleur atroce le perçait de part et d'autre à chaque mots qu'il récitait, comme une litanie : « tes parents sont morts dans un accident. Tu es orpheline depuis tes 3 ans »  NON ! Tu avais une mère, Lilian ! Tu t'agrippas encore plus à lui, désespérément cette fois. Tu n'avais pas le droit de lui effacer la mémoire ! Tu n'avais pas le droit de prendre une telle décision sans son consentement ! Tu n'avais pas le droit de l'abandonner ! Les larmes commencèrent à rouler sur tes joues, brouillèrent ta vue. Le sortilège embrumait ton esprit. Tes pensées s'enlisaient. Les souvenirs défilaient, s'effaçaient, se modifiaient. Des liens se brisaient et se nouaient. Ta mère. Elle s'appelle … ton nom c'est ... il y avait soudain un grand vide en toi. Une horrible solitude comme un trou béant, douloureux. Tu voulais te rouler en boule et pleurer, mais tes mains continuèrent d'agripper le tee-shirt de Caleb. Le seul souvenir clair et intact qui te restait. Le seul souvenir précieux que tu voulais protéger. Tu ne pouvais pas et ne voulait pas l'oublier. Pas lui. Tu l'appelas en priant pour ne pas oublier son prénom. Tu espérais qu'il se grave dans sa mémoire comme un tatoo. Mais le sort était en court et il n'y avait aucun moyen de l'arrêter. Tu le savais. C'était irrémédiable mais tu continuais à lutter. Et il était temps pour Caleb de mettre fin à cette torture.

Brisé, il continua : « Tu as grandis dans un orphelinat puis tu as fait tes études à Poudlard. Tu t'es fait quelques amis que tu as perdue de vue et dont tu ne te souviens pas des visages. Après tes ASPIC, tu as rencontré quelqu'un … » il s'arrêta. Tu hoquetas. Tu n'avais plus la force de lutter. Tu voulais. Mais ce n'était plus possible. Les mots suivants étaient difficiles à prononcer tant ils étaient vrais « il t'a abandonné » je le fais pour te protéger, Shana. Pardonnes moi « tu ne te souviens … ni du son de sa voix. Ni de son apparence. Ni de son odeur … » et lui se souviendrait de tout. Il se souviendra de l'odeur et de la douceur de ta peau. Du goût de tes lèvres. De l'amertume de tes larmes. De tes supplications déchirantes. Comme les marques que tu avais laissé sur son corps en te débattant. Il mourrait avec ces souvenirs. Avec la frustration de ne plus pouvoir te chérir. Ne jamais voir et tenir leur fille. Une lente agonie mourrait pour en laisser place à une autre, plus amère encore : « tu as décidé d'élever ta fille à Whistable, ton village natal »

Et voilà, l'histoire avait été réécrite en quelques secondes. Tu avais cessé de lutter. Tes mains lâchèrent leur prise, retombèrent le long de ton corps. Tu fixas cet inconnu de tes yeux vides, boursouflés par les larmes, qui roulaient sur tes joues, s'écrasaient sur l'oreiller dans un bruit mat. Pour le moment tu n'étais qu'une coquille vide, sourde et aveugle. Mais tu reprendrais bientôt tes esprits. Avec une nouvelle vie. Un mirage. Il avait ruiné et remodelé des années de ton existence pour te faire vivre dans le mensonge. Avait même rayé Sumia, Ethan, Felix, Tobias et Eijiro de ta mémoire. Aussi facilement que l'on effaçait du crayon avec une gomme. Il n'avait pu les mettre dans la confidence. Savait que si le Lord leur tombait dessus, ils ne résisteraient pas à la torture et dévoileraient l'emplacement de ta cachette. Il vous tueraient … Caleb n'en supportait pas l'idée. Il n'aurait jamais été près pour un tel sacrifice. Mais il n'avait pas eu le choix. Il cacha son visage dans ses mains, il ne voulait pas croiser ton regard vide. C'était trop douloureux. Il resta replié sur lui même au bord du lit, tentant de maîtriser le tremblement nerveux de ses mains … et attendant que Pearl monte t'arracher à lui et t'amener à Whistable, ta nouvelle maison. Ta nouvelle vie. Loin de tous les problèmes dont était l'essence et auxquels il t'avait lié, malgré lui ...